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Les vraies mœurs des Gaulois, Astérix vous aurait fait peur !

« Ils mettent du foin sous eux et mangent beaucoup de viandes bouillies ou rôties à la broche ou sur la braise. Ils mangent de manière bestiale, en prenant à pleine main des quartiers entiers de viande dans lesquels ils mordent à belles dents. S’ils trouvent quelque chose de dur, ils l’extraient avec un petit coutelas pendu à leur côté dans une gaine. »

 

Le stoïcien grec Poseidonios a donné cette description d’un banquet gaulois qui rassembla des milliers de convives sur un espace de quatre kilomètres carrés.

 

Ces informations sont ainsi complétées par Diodore :
« Du coup, quand ils mangent, leurs moustaches sont engluées de nourriture, et quand ils boivent, le breuvage passe à travers comme par un isthme. Pour dîner, ils s’assoient, non sur des chaises, mais sur le sol, avec, en guise de coussins, des peaux de loups ou de chien. Le service est assuré par de jeunes enfants, garçons et filles. […] Leur coutume, tout au long du repas, est de chercher n’importe quel prétexte pour se défier en combat singulier, au mépris de leur vie. »

 

Coq pas très gaulois

Le coq n’a rien de gaulois. Coq se dit gallus en latin, d’où les calembours assimilant le terme aux Gaulois depuis l’Antiquité, sans plus. Vers 1200, les cours européennes tirèrent parti de cette association pour se moquer des rois de France qui battaient beaucoup des ailes en vociférant, mais sans efficacité. Ceux-ci tournèrent l’association à leur avantage : le gallinacé est aussi un animal de l’Évangile, évoqué à Pâques pour rappeler que Pierre l’entendit chanter trois fois avant de renier le Christ. C’est seulement avec la Révolution que le coq, symbole d’énergie, devint l’emblème du peuple français. Ce même peuple fut caricaturé en coq déplumé par Louis-Philippe sous la Monarchie de Juillet. En 1848, la République le plaça en haut du drapeau national et il figure encore de nos jours sur le grand sceau de l’État républicain.

 

Verdict de la ceinture

Les Gaulois accordaient une grande importance à leur apparence physique. Ainsi sanctionnaient-ils d’une amende les jeunes gens dont le ventre excédait la mesure fixée par une ceinture.

 

Piquer une tête

Les Gaulois avaient l’habitude de couper la tête de leurs ennemis vaincus. Puis ils les attachaient au harnais de leurs chevaux ou les clouaient à l’entrée de leurs maisons après en avoir assuré la conservation par une préparation spéciale. Celles des ennemis les plus illustres étaient frottées d’huile de cèdre et conservées avec soin dans des coffres et « ils les montraient avec orgueil aux étrangers, refusant de les vendre même au poids de l’or », rapporte le Grec Strabon.

Au temps de César, ils ne massacraient plus tous leurs prisonniers pour contenter leurs dieux avides de sang, mais il arrivait encore aux troupes de Vercingétorix ou aux Gaulois de l’armée romaine de brandir les têtes des vaincus au bout de leurs lances. Et quand ils attaquaient une ville, les Gaulois plantaient tout autour des lances et des javelots garnis de cadavres et de têtes de leurs ennemis. Lorsqu’ils érigèrent l’arc de triomphe d’Orange, les Romains y firent sculpter, parmi les captifs, des têtes coupées, les unes tondues, les autres avec leur chevelure et, parmi elles, des têtes de femmes. En fait de barbarie, la balance ne paraît pas si inégale…

 

Leçon de couleurs

Les Gaulois teignaient d’habitude leurs vêtements à l’aide de coquillages et de murex cherchés au fond de la mer. Vu les risques à l’atteindre, ils optèrent pour des colorations végétales : la jacinthe pour le pourpre, le pastel pour le bleu foncé, l’airelle pour le violet ou l’indigo pâle,... Toutes ces couleurs chatoyantes finirent par séduire les Romains et donc conquérir le monde méditerranéen.

 

Abraraccourcix

Pour les Romains, les Gaulois combattaient comme des bêtes furieuses, de manière anarchique, mêlant leurs hurlements au son des trompes, usant avec violence de leurs grands sabres, sans mesurer ni ajuster les coups. Les premiers contacts inspiraient une peur panique au légionnaire romain qui, l’expérience aidant, apprit à se protéger sous son bouclier avant d’enfoncer son glaive dans le ventre des Gaulois, juste au moment où ils levaient entièrement les bras pour frapper. Alors seulement, et en leur opposant la manœuvre, les Romains purent leur reprocher de se battre n’importe comment, de s’essouffler rapidement et de manquer de résistance.

 

Le prix de la beauté

Voici quelques secrets de beauté de la femme gallo-romaine :
« Les escargots petits, séchés au soleil sur des tuiles, puis pulvérisés et mêlés à la bouillie de fève, forment – affirme Pline – un cosmétique excellent qui blanchit et adoucit la peau… » Elle recourait aussi à un onguent tiré des excréments de crocodile ou plus simplement de la craie. Pétrone dénonçait les abus en ces termes pas très flatteurs : « Sur son front baigné par la sueur coulaient des ruisseaux de fards, et dans les rides de ses joues, il y avait une telle quantité de craie qu’on eût dit un vieux mur décrépi sillonné par la pluie. »

 

Pour effacer les taches du visage, rien de tel que la fiente de veau associée à de l’huile à la gomme. Pour noircir les sourcils, les œufs de fourmis pilés avec des mouches mortes faisaient merveille. La cendre de rat mêlée à du miel et à de la racine de fenouil ou de l’urine de jeune garçon dans laquelle on délayait de la pierre ponce pilée constituait un excellent dentifrice !

 

 

Pas des brutes épaisses

Les images d’Épinal tenaces de nos « ancêtres les Gaulois » – dont les chroniqueurs grecs ou romains ont contribué à donner une vision négative –, montrant des barbares friands de cervoise et de sangliers, blonds, hirsutes, obsédés de belles femmes, râleurs et teigneux, solidaires mais toujours prêts à se battre, résultent d’une méconnaissance de leur civilisation. Les albums d’Astérix – malgré la culture réelle de leurs auteurs – ne montrent-ils pas involontairement un Obélix porteur de menhirs alors que ces mégalithes n’étaient plus en usage depuis plusieurs millénaires ? Ces prétendus arriérés étaient, par exemple, friands de poésie. Le barde, compagnon de toutes les festivités, véritable mémoire collective, leurs récitaient à ces occasions de longs poèmes épiques et didactiques avec un art oratoire consommé. En fait, des recherches fouillées sur leur civilisation n’ont réellement débuté que depuis les années 60, et les procédés technologiques modernes – comme la photographie aérienne – n’ont cessé depuis de les développer. Les découvertes archéologiques récentes, y compris sous-marines, restituent la réalité d’un monde original, ouvert au commerce, urbanisé et prospère. D’ailleurs, sous l’Empire, les Gaulois arrivèrent même à se faire admirer des Romains.

 

Raissa

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